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Formation à l’AFCA - Une dégradation préoccupante

Il y a de cela 15 ans, la direction a réussi à transformer une journée de cours technique en salle en formation « e-learning ». Puis ce sont les instructeurs qui ont vu le nombre de journées de standardisation passer de 4 à 2 par ans.

La dérive à la baisse de notre formation théorique récurrente aurait pu s’arrêter là, ce n’est pas le cas.




Notre formation ES1 en « e-learning », est rémunérée, mais n’est ni décomptée ni créditée. On comprend aisément l’économie, moins la plus-value de cet ES1. Après plus de 15 ans d’expérience, chacun est en mesure de constater les manques créés : plus d’interaction, plus de réponses d’experts, plus de sens donné aux formations (autrefois le travail sur les ATA était corrélé aux événements SV).

La standardisation des instructeurs, déjà contrainte par les besoins de conformité à la notation EBT, ne laisse désormais plus aucune place à l’échange, aux remontées. Le message n’est QUE descendant, et cela fait plusieurs années que ces journées ne portent plus que le nom de standardisation.

 

La direction des tableaux Excel n’en a pas fini. Les dernières économies concernent désormais le module sécurité sauvetage à l’AFCA avec comme conséquence directe une diminution de la qualité de la formation.

Désormais, les pilotes doivent se contenter de démonstrations limitées à trois équipements de sécurité, réalisées dans des conditions dégradées, au milieu d’un couloir, ce qui ne favorise ni l’attention ni la mémorisation. Tout le reste est fait en « elearning ».

Cette approche fragmentée et insuffisante alimente le sentiment que la formation est devenue un exercice administratif plutôt qu’un véritable levier d’apprentissage et de prévention des risques.

 

Des formateurs déresponsabilisés et dévalorisés

 

Les formateurs, pourtant garants de la transmission des savoirs essentiels à la Sécurité des Vols, expriment un profond malaise. Beaucoup se sentent dépossédés de leur rôle et déplorent de ne pas pouvoir donner une formation digne de ce nom. Pire encore, certains qui tentent d’en faire plus sont parfois décrédibilisés par la hiérarchie, comme si l’excellence devenait une démarche isolée plutôt qu’une norme encouragée.

Cette situation génère une véritable souffrance et un sentiment d’injustice au sein de l’AFCA.

Désormais, lorsqu’un PNC a une question, les formateurs ne sont plus censés répondre directement, mais doivent l’orienter vers un chat en ligne nommé « Crewline », rendant l’échange impersonnel et moins efficace.

Pour les pilotes, la situation est encore plus absurde : si un formateur connaît la réponse à une question, mais que celle-ci ne figure pas dans le programme, il lui est demandé de ne pas la donner, car cela « nuirait » au cadre établi par le management. Cette consigne illustre une volonté assumée de niveler la formation par le bas, en empêchant toute transmission de savoir en dehors des directives strictement encadrées.

Pourtant les ressources en interne existent, car les formateurs possèdent un socle de connaissances avion qui dépasse grandement ce qui nous est enseigné.

 

Un management déconnecté qui privilégie l’amateurisme

 

 

Face à cette perte de sens et au malaise grandissant, la direction tente d’instaurer des initiatives censées insuffler une dynamique positive. Mais loin d’être de véritables mesures de soutien ou d’amélioration des formations, ces actions relèvent davantage de l’amateurisme que du « team-building » structuré. On assiste ainsi à l’organisation de concours du pull le plus moche, du meilleur gâteau, ou encore d’événements anecdotiques.

Ces initiatives contribuent plutôt à décrédibiliser davantage la gestion de la formation qu’à renforcer la cohésion ou de répondre aux préoccupations des pilotes et des formateurs. Elles donnent l’impression d’une tentative maladroite d’occuper le terrain sans répondre aux véritables attentes des personnels. Pire, le nombre d’arrêts maladie et le départ de PNC relais métier grandissant laissent apparaître un management basé sur un autoritarisme assumé.

 

Une des explications à ces dérives d’un management qui n’est pas à la hauteur vient du fait que les décideurs ne connaissent pas le travail des formateurs. Ils ne sont là que pour aligner des chiffres et appliquer des mesures de réduction des coûts sans mesurer les conséquences sur la formation et, in fine, sur la Sécurité. Cette approche purement administrative et budgétaire laisse peu de place à une réflexion sur la nécessité de maintenir un haut niveau d’exigence dans la formation des équipages.

Le constat est simple : la gestion de nos formations est déconnectée du terrain

 

Une logique de réduction des coûts au détriment de la Sécurité

 

Cette réduction des coûts semble être la ligne directrice du management, au détriment de la qualité de la formation et donc de la sécurité des opérations. En limitant la formation des pilotes et en minimisant l’importance des compétences techniques et sécuritaires, l’AFCA prend un risque majeur : une plaque de Sécurité est tout simplement supprimée dans notre secteur d’activité ou la moindre faille peut avoir des conséquences dramatiques.

Cette évolution suscite une inquiétude croissante parmi les professionnels du secteur. La formation des pilotes ne devrait jamais être une variable d’ajustement budgétaire ou organisationnelle. Il en va non seulement de la compétence des équipages, mais aussi de la sécurité de tous.

 

La qualité de la formation doit être un objectif prioritaire des organisations syndicales. Dites-le, écrivez-le !

Être bien formé contribue à améliorer notre socle de connaissance, donc notre conscience de la situation. La Sécurité des Vols doit être optimale, cela a un prix, et c’est à ce prix que nous pourrons évoluer dans un environnement de travail serein.

pilote, Air France, Transavia, syndicat ALTER, Orly
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