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Harcèlement moral à Air France - Le management toxique en cause

La force de notre compagnie, ce sont ses salariés. Ils s’impliquent et s’engagent au service de notre Sécurité des Vols, au service de nos opérations et de notre réussite. Le degré d’estime et le traitement des salariés impactent directement leur investissement. Dès lors, il convient de combattre le management toxique qui s’installe dans tous les métiers.


Depuis quelque temps, nous constatons une multiplication alarmante des cas de harcèlement moral au sein d’Air France.

Ce phénomène ne touche pas seulement un corps de métier en particulier, mais s’étend à de nombreux services, révélant un malaise profond au sein de l’entreprise.

Le syndicalisme réel et engagé auprès des pilotes est reconnu bien au-delà du cercle des pilotes. Nous recevons aujourd’hui des sollicitations de collègues issus d’autres services, parfois très éloignés de notre domaine d’activité. Des membres de la DGOA, de la DGI (mécaniciens avions) et des PNC viennent spontanément vers nous pour nous exposer les situations de harcèlement moral qu’ils subissent au quotidien. Il y a de quoi s’inquiéter sérieusement quant au climat instauré dans l’environnement de travail.

La principale cause du climat délétère constaté est sans conteste un management qui a perdu pied. La force d’Air France a toujours résidé dans sa culture d’entreprise, faite de fierté, de vocation, de solidarité entre les différents métiers, de culture d’excellence, des valeurs communes. Cette culture, vieille de plus de 90 ans, est dénigrée par le management issu de pratiques anglo-saxonnes, reléguée aux oubliettes des priorités de notre direction.

 

Une fois ces principes fondateurs de notre identité commune écartés, le management ne pense plus qu’avec des tableaux Excel et se retrouve en complet décalage avec la réalité opérationnelle, les femmes et les hommes qui font vivre Air France. Leurs décisions ne sont plus qu’exécution aveugle d’un schéma imposé « d’en haut », sans considération pour les conséquences humaines. Fédérer, inspirer, motiver, valoriser, accompagner…, tous ces mots, bien connus de nos instructrices et instructeurs, ont été bannis du vocable managérial.

 

Le problème ne vient pas seulement d’un manque de proximité avec le terrain, il est amplifié par une volonté délibérée d’instaurer un climat de peur.

L’objectif affiché de la direction générale est clair : « réduire les coûts à tout prix ». Pour répondre à cette injonction, les managers appliquent ce qu’ils savent faire de mieux : la pression, l’intimidation et les sanctions arbitraires. Les méthodes brutales remplacent la gestion humaine et intelligente des équipes.

Cette stratégie repose sur une logique perverse : en mettant sous pression les salariés, en créant un climat de tension permanent, on les empêche de contester, de réfléchir, voire de se défendre. La compétence, l’expérience, l’engagement envers la sécurité et la qualité, autrefois promus, sont désormais relégués au second plan. Ce qui prime aujourd’hui, c’est l’obéissance aveugle et la soumission aux objectifs financiers.

 

Le fait que de plus en plus de salariés de divers horizons nous sollicitent n’est pas anodin. Cela prouve que le problème dépasse largement la seule catégorie des pilotes et qu’il est devenu systémique. Face à cette situation, il est urgent que l’ensemble des personnels d’Air France et leurs représentants prennent conscience de ce qui est en train de se jouer.

Nous devons refuser cette dérive, dénoncer ces pratiques et exiger un retour à un management digne de ce nom, basé sur le respect des individus, la reconnaissance des compétences et la recherche d’une performance saine et durable.

Le fait que nous ayons quelques chefs pilotes capables de faire passer l’humain au premier plan (relire le BSPN 1461 du 13 janvier 2025) démontre que cela est possible.

Une entreprise qui prospère sur la peur est une entreprise qui se fragilise dans le temps.

 

La parole doit se libérer. Les victimes ne doivent plus rester isolées. Elles doivent être écoutées et accompagnées. Les organisations syndicales doivent se saisir de chaque cas et exiger des comptes.

C’est en effectuant ce travail syndical que notre environnement de travail redeviendra serein.

pilote, Air France, Transavia, syndicat ALTER, Orly
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